Lettre CIPES n°23

Vous trouverez dans cette Lettre : l’édito sur l’année de bilan de la recherche participative, le compte rendu de la rencontre avec le groupe de chercheur·es accompagnant les écoles, les rencontres et formations à venir, les interventions de l’équipe de coordination et des propositions de lecture.

Une année scolaire sous le signe du bilan

C’est une année particulière qui s’ouvre pour la recherche participative CIPES, celle du bilan.
Chaque groupe partie prenante de CIPES sera réuni en présentiel avec l’équipe de coordination pour faire le point : les chercheur·es, les formatrices de l’AGSAS, les équipes enseignantes, les militant·es Quart Monde. Et bien entendu, comme chaque année au printemps, une rencontre commune permettra de partager l’ensemble de ces bilans.
Avec les militant·es Quart Monde, une première rencontre-bilan a eu lieu le 31 mai. À cette occasion, des entretiens vidéo ont été réalisés ; ils seront complétés lors d’une prochaine rencontre en présentiel.
La rencontre avec les chercheur·es, ce 25 septembre dernier, a permis de dresser un bilan de leur accompagnement. Le compte rendu vous est proposé ci-dessous.
Les écoles qui ont mené des actions dans le cadre de CIPES sont bien entendu invitées à les poursuivre. Avec le ou la chercheur·e qui les a accompagnées, elles en feront une évaluation. Ce sera le temps aussi de revenir sur les 5 années écoulées pour en analyser les réussites, les obstacles, les échecs parfois.
D’autres dispositifs complèteront ces éléments de bilan. L’équipe de coordination se rendra dans les écoles et y conduira des entretiens avec des adultes. Pour rappel, des entretiens ont eu lieu en 2024 avec des élèves de CM2. Cette fois, il s’agira de s’entretenir avec les directeurs et directrices, deux ou trois enseignant·es dans chaque école, des AESH, des ATSEM, des membres du Rased, des personnels du périscolaire.
Pour les équipes enseignantes, tout comme au début de la recherche, il est prévu de leur soumettre un questionnaire, reprenant certains des items de celui de 2019-2020. Il sera ainsi possible d’examiner en quoi la recherche a pu faire bouger certaines représentations, certains questionnements, a pu répondre à certaines attentes aussi.
Enfin, les accompagnatrices de l’AGSAS seront également réunies début novembre pour partager leur appréciation de ces temps d’analyse de pratiques.
Pour les équipes enseignantes, comme nous nous y étions engagées, d’autres sessions de formation seront proposées cette année en visio, en réponse à des besoins qu’elles nous ont fait connaître. Voir les dates ci-dessous.
Bien sûr, tout au long de la recherche et particulièrement lors des rencontres en présentiel, des éléments constitutifs de ce bilan ont déjà pu être établis. Mais comme pour toute recherche, il est nécessaire de les affiner et de les formaliser.
Par ailleurs plusieurs publications sont d’ores et déjà prévues pour donner de la visibilité à cette recherche et espérer ainsi que ses résultats puissent essaimer hors de ce cadre.

Séminaire du groupe de chercheur·es accompagnant les écoles

Les chercheuses et chercheurs accompagnant les écoles se sont réuni·es à Montreuil le 25 septembre pour un séminaire afin d’entamer le bilan de leurs travaux auprès des écoles. Nous avons dans un premier temps évoqué le parcours de la recherche participative : de ses prémices en 2015 à ses perspectives après 2025, puis précisé à nouveau ses enjeux qui ont évolué au fil de la recherche. Ensuite, chacun et chacune a présenté le terrain des écoles accompagnées. Pour finir, nous avons tenté une première synthèse et évoqué des perspectives. Éléments qu’il faudra encore travailler en croisant différentes données et regards afin de construire avec tous les acteurs de la recherche (militant·es Quart Monde, enseignant·es, chercheur·es-accompagnateurs, équipe de coordination, AGSAS, …) une grille de lecture des résultats auxquels pourra aboutir la recherche participative.

Un questionnement, fil rouge de la recherche participative
À l’origine, la recherche CIPES s’articulait autour de plusieurs questions :
– Comment s’expriment au quotidien d’un établissement scolaire les processus d’exclusion (parfois invisibles) d’enfants et notamment ceux qui vivent dans des familles en situation de pauvreté ou de grande pauvreté et amenant à des orientations subies et/ou abusives ?
– À l’inverse, comment s’expriment au quotidien d’un établissement scolaire les processus d’inclusion scolaire ?
– Qu’est-il possible de modifier à l’école au niveau de l’organisation pédagogique au sein de la classe et au niveau de l’organisation et du fonctionnement des établissements scolaires afin d’infléchir les processus d’exclusion ?

Les enjeux de l’accompagnement
L’objectif de l’accompagnement est de favoriser chez les équipes enseignantes une prise de conscience des processus multifactoriels d’exclusion et d’inclusion qui s’expriment au quotidien dans l’école et les classes. Puis, il s’agit pour les équipes d’agir en conséquence en réfléchissant et en mettant en œuvre des projets d’actions susceptibles d’infléchir les processus d’exclusion en œuvre et d’en analyser les effets.

Les thématiques abordées par les chercheuses et chercheurs accompagnant les écoles
Tout d’abord ils et elles ont présenté les caractéristiques des écoles (le public d’élèves, le nombre de classes, le territoire où elles se situent, …). Puis a été abordée « l’histoire du projet CIPES », de l’expérience et des cheminements collectifs et individuels vécus dans chaque école :
– les modalités d’accompagnement des chercheur·es et leurs bilans ;
– les actions menées par les équipes et en quoi elles sont de nature à répondre aux enjeux posés par la recherche participative ;
– les prises de conscience chez les enseignantes et enseignants des incidences des situations de pauvreté sur le parcours et les apprentissages scolaires des élèves. En quoi les rencontres et le travail avec les militant·es Quart Monde ont influencé les actions mises en œuvre par les équipes enseignantes et ont suscité ces prises de conscience.
– les éléments d’analyse ou premiers résultats que l’on peut apporter à la recherche.

Quelques éléments de synthèse et perspectives
Si le contexte des écoles est très différent, les situations et contraintes singulières, nous avons néanmoins relevé quelques premiers éléments communs. En premier lieu, ce qui a favorisé la mise en œuvre du projet CIPES est le rôle essentiel joué par le directeur ou la directrice et l’implication plurielle à des degrés divers des équipes. A été évoquée pour les enseignant·es l’importance de leurs perceptions des incidences de la grande pauvreté chez les élèves. Nous pouvons considérer que cette perception a un effet sur la « carrière scolaire » des élèves car elle modifie le rapport des enseignant·es aux élèves ainsi que leurs rapports à la place des parents. La remarque a été faite que beaucoup d’actions des équipes sont en direction des parents, ce qui pose la question de la variété des actions entreprises et des éléments qui induisent tels ou tels choix d’équipe. Beaucoup d’actions mettent au travail des aspects sociaux et éducatifs des incidences de la grande pauvreté sur les carrières scolaires des élèves. Ainsi se pose la question de la place de la pédagogie et de la didactique des apprentissages en classe afin d’infléchir les processus d’exclusion scolaire.
Pour terminer a été abordée la question de la fin de l’accompagnement des écoles, ce qui ne signifie pas la fin des actions engagées. Chaque chercheur et chercheuse accompagnant les écoles organisera (ou a déjà organisé) un moment de bilan avec les équipes ; il sera complété par d’autres modalités de bilan présentées dans cette lettre.

Prochaines rencontres

Rencontres en présentiel

o 04/11/2024 – Accompagnatrices de l’AGSAS
o 13/12/2024 – Militant·es Quart Monde
o 14/12/2024 – Équipes éducatives des écoles CIPES
o 21/03/2025 – Militant·es Quart Monde
o 22/03/2025 – Rencontre Commune en présentiel
o 23/05/2025 – Militant·es Quart Monde

Des réunions en visio viendront s’intercaler entre ces rencontres en présentiel.

Formations en visio à destination des équipes éducatives

o Les malentendus sociocognitifs, avec Stéphane Bonnery le 4/12/2024
o La coéducation, avec Catherine Hurtig-Delattre le 07/01/2025
o La coopération (2ème partie), avec Sylvain Connac le 04/02/2025
o L’aide aux devoirs, avec Julien Netter le 25/03/2025

Interventions de l’équipe

o 24 septembre, Cité Éducative à Chambéry
o 26 septembre, SupAgro à Montpellier pour discuter de l’importance d’une recherche participative.
o 2 octobre « L’éducation informée par la recherche : une introduction aux évaluations d’impact » Événement organisé par le programme IDEE (Innovations, Données et Expérimentations en Éducation)
o 8 octobre, à Poitiers, les 12 TNE (Territoires Numériques Éducatifs) dans l’Éducation nationale
o 9 Octobre, à Paris, Chefs d’établissements scolaires Apprentis d’Auteuil, Mieux comprendre l’impact de la grande pauvreté et relations aux parents.

Publications

Transformer les pratiques en éducation : quels sont les apports de la recherche ?
Nos systèmes éducatifs font face à des défis inédits et à des réformes qui se succèdent. La transformation des pratiques éducatives constitue un enjeu central pour relever ces défis et les recherches en éducation sont souvent mobilisées dans cette perspective. Mais que peuvent vraiment apporter les recherches ?

PUL, presses universitaires de Louvain.
Coordination éditoriale de Thibault Coppe, Ariane Baye, Benoît Galand

https://pul.uclouvain.be/book/?GCOI=29303100150770


STOP à la maltraitance institutionnelle : agir ensemble avec les personnes en situation de pauvreté
À la suite de la recherche sur les dimensions cachées de la pauvreté (2019) menée avec l’Université d’Oxford, ATD Quart Monde a travaillé avec des personnes en situation de pauvreté et des professionnels des institutions pour comprendre et analyser les causes et les mécanismes de la maltraitance institutionnelle.


Lors des observations dans les écoles, les militant·es ont parfois pointé des situations qui leur semblaient mettre les élèves en danger. Qu’en est-il ? Comment favoriser la prise de risque pour les élèves ?

Le risque et le danger
Comment analyser la pédagogie du risque ? « L’un des rôles de l’enseignant est d’apprendre à ses élèves à prendre des risques ».

Un propos de Jacques Marpeau recueilli par Daniel Gostain
https://cafepedagogique.net/2024/09/12/le-risque-et-le-danger/


L’école n’est pas faite pour les pauvres. Pour une école républicaine fraternelle.
Dans ce livre riche d’informations et de faits souvent ignorés Jean-Paul Delahaye dresse un état des lieux sans complaisance de cette préférence française pour les inégalités. Mais il trace aussi, de façon plus positive, les contours de ce que pourrait être une école républicaine et fraternelle vraiment fidèle à ses valeurs.

Jean-Paul Delahaye    
Éditions Au bord de l’eau, 2022
 
https://www.editionsbdl.com/produit/lecole-nest-pas-faite-pour-les-pauvres/


Attention école          
Ce numéro aborde la question des inégalités face à l’école et notamment les « tendances lourdes de notre société […] dont la rupture d’égalité entre les jeunes face à l’éducation, selon leur milieu social d’origine ». Y ont contribué divers acteurs spécialistes de la question et des enjeux scolaires : des témoignages d’enseignant·es, de parents d’élèves et d’élèves, des universitaires, des acteurs syndicaux ou politiques engagés en faveur du service public de l’éducation.

Après-demain
2024/1 N ° 69-70
Fondation Seligmann  
https://shs.cairn.info/revue-apres-demain-2024-1?lang=fr


Apprendre des scolarités abîmées              
Plutôt que réformer l’école, faisons d’elle un enjeu de société, l’affaire de tous. L’école est trop souvent réfléchie à partir de ceux qui y ont parfaitement réussi, en oubliant les autres. Les auteurs de ce livre ont choisi une démarche inverse en écoutant le vécu de personnes en situation de grande pauvreté et leurs propositions pour l’école. Toutes racontent comment le dénuement peut aussi se manifester dans la dépossession de sa scolarité et des moyens de réussir à l’école.

De ces expériences douloureuses, il n’est tiré aucune recette qui permettrait de remédier en surface à telle ou telle insuffisance de l’institution. Émergent plutôt les bases d’un projet d’école étroitement associé à un projet de société : une école qui n’oublie personne pour une société qui n’oublie personne, c’est la clé de la démocratie.
Coordonné par Régis Felix

Éditions Quart Monde / Le Bord de l’eau, 2024
https://www.atd-quartmonde.fr/produit/apprendre-des-scolarites-abimees/

Podcast

Coopérer, c’est la classe ! – Parlons pratiques !                 
Les pratiques collaboratives sont moins répandues en France que dans les autres pays de l’OCDE. Et pourtant, elles foisonnent à tous les échelons du système. Collaboration, coopération, travaux de groupes… Que recouvrent ces termes ? Et à quelles conditions ces pratiques ont-elles un impact positif sur les apprentissages ?
https://extraclasse.reseau-canope.fr/cooperer-c-est-la-classe-parlons-pratiques-30