Lettre CIPES n°22

D’une manière ritualisée maintenant, la journée de rencontre a démarré par une activité animée par une plasticienne. Il s’agissait de tracer son autoportrait « à l’aveugle ». C’était une façon d’entrer dans le sujet, en s’amusant ! (Voir illustration d’introduction à cette Lettre.)

L’objectif de cette rencontre était double :

• d’une part de réfléchir avec les militant·es QM pour mettre en évidence l’importance de leur participation à la recherche participative CIPES,
• d’autre part d’enregistrer des interviews individuelles des militant·es QM, afin de réaliser des capsules qui pourront servir en de multiples occasions de communication et de formation.

Après un temps de préparation individuelle, les militant·es ont évoqué face caméra ce qu’ils et elles retenaient des questions travaillées le matin.

Les vidéos n’ont pas encore été montées mais nous pouvons dès à présent retenir quelques faits saillants. Le travail sur l’estime de soi qui traverse les interviews est d’une importance capitale dans le statut de co-chercheur·es. Pouvoir entrer à l’école, essayer de comprendre ce qui s’y passe et le communiquer n’a pas été simple. Il faut, dit l’un « ne pas montrer ma haine du système scolaire » quand une autre reconnaît qu’elle a « appris à se contenir, à ne pas exploser » lorsqu’elle assiste à une situation qui la choque.

Le 31 Mai dernier à Paris, ATD Quart Monde France tenait son assemblée générale le matin et proposait l’après-midi aux 130 personnes présentes des ateliers permettant de découvrir trois projets pilotes d’ATD Quart Monde. OSEE, projet Osons les Savoirs de l’Expérience et de l’Exclusion qui permet à des militants et militantes Quart Monde de suivre une formation pour faire valider leurs acquis de militant·es, projet Réussir Ensemble à Villeurbanne qui permet à des jeunes exclus du système scolaire de choisir une formation menant à un emploi. Et la recherche participative CIPES. Michelle Olivier et Marie-Aleth Grard ont exposé aux trois groupes notre recherche CIPES en reprenant « l’historique depuis 2015 » qui nous a menés au démarrage de cette recherche en septembre 2019. De beaux échanges avec des allié·es, des volontaires permanent·es et des militant·es Quart Monde qui souvent découvraient nos travaux et l’intérêt de ceux-ci.

Au cours de la recherche participative CIPES, les équipes enseignantes se sont interrogées sur les conditions qui favoriseraient le travail en groupe d’apprentissage et l’entraide entre élèves. Ainsi, elles ont souhaité une formation à ce sujet. Pour répondre à cette demande, nous avons invité Sylvain Connac le 4 juin à une rencontre en Visio avec les enseignantes et enseignants participant à la recherche. Elle a été l’occasion d’apporter quelques éléments sur les principes d’une pédagogie coopérative, mais aussi d’échanger à son sujet et de la questionner. Ancien professeur des écoles, Sylvain Connac est enseignant-chercheur en sciences de l’éducation à l’université Paul-Valéry de Montpellier. Ses recherches à visées « pédagogiques » portent sur la coopération entre élèves, la prise en compte de leur diversité et la question des compétences professionnelles des enseignantes et enseignants.
Si la pédagogie coopérative est une démarche particulièrement efficace au service d’apprentissages réussis et de l’évolution des élèves, même des plus fragiles, Sylvain Connac nous l’a présentée comme complexe à mettre en place car elle s’apprend aussi bien du côté de des enseignantes et des enseignants que de l’élève. Il y a coopération lorsqu’il y a confrontation voire « compétition » entre les élèves, et qu’ils agissent ensemble afin de résoudre un problème qu’ils et elles ne pourraient pas résoudre (co-opérer, c’est opérer ensemble au service de chaque membre du groupe d’apprentissage). La coopération et l’entraide ne s’imposent pas, il faut qu’elles fassent sens pour l’élève en prenant conscience que l’apport de ses camarades et le sien dans le collectif sont essentiels à sa propre réussite.
Un groupe de niveau est essentiellement au service des élèves qui réussissent, au risque de renforcer les inégalités sociales, donc d’exclure les élèves les plus fragiles. Un groupe trop hétérogène peut amener les élèves à se tourner vers les plus compétents et compétentes au détriment de l’apprentissage de chacun des membres du groupe. Sylvain Connac propose une organisation de classe mixte et multiple : un groupe-classe de base hétérogène, avec des moments collectifs animés par l’enseignante ou l’enseignant, des moments individuels avec le support de plans de travail et enfin des moments de coopération entre élèves.
Nous avons travaillé à partir de deux textes écrits par Sylvain Connac (« Le triangle de la galère » et « Des tigres et des groupes » – voir en bibliographie). Cette mise en situation a permis de repérer une organisation possible favorable à une pédagogie coopérative : la présentation de la consigne (la situation problème et les étapes de travail) ; un temps de travail individuel de confrontation à la tâche ; un travail personnel en coopération ou seul (au choix des élèves) ; la présence d’une « table d’appui » où se trouve l’enseignant ou l’enseignante que les élèves peuvent solliciter en cas de besoin ; une mise en commun collective (transmission-explication des savoirs) ; une synthèse proposée par l’enseignante ou l’enseignant ; des exercices individuels d’application immédiate avec rétroaction de l’adulte et enfin un bilan réflexif sur le comportement des élèves pendant la séance.
Beaucoup de questions restent encore en suspens ainsi que l’envie d’en savoir davantage. Sylvain Connac s’est dit ouvert à une deuxième séance de formation afin d’approfondir le sujet.

• 23-24 avril, Institut de France, au château de Goutelas, sur la thématique d’une « École de la réussite de tous »
• 24 Mai, Grigny Essonne, invitation par les PEP91 pour parler d’une « École de la réussite de tous »
• 27 Mai, Albertville, invitation dans un collège avec la rectrice de l’académie de Grenoble Hélène Insel. Rencontres et dialogues avec élèves, professeurs et chefs d’établissements
• 5 juin, Angers, formation pour l’AFEV (soutien scolaire)
• 6 juin, Paris, formation pour le SNUipp
• 19 juin, Lille, intervention dans le congrès de l’UNICEF France
• 26 juin, Lyon, Conférence « École de la réussite de tous »