13 mars 2019
ATD Quart Monde a organisé le samedi 11 mai une journée d’information et de travail sur l’expérimentation « Choisir l’Inclusion Pour Éviter la Ségrégation » (CIPES). Prévue pour durer cinq ans, cette expérimentation vise à ce que, dans des écoles et collèges volontaires, plus aucune décision d’orientation ne soit prise pour cause de pauvreté.
La journée a démarré par le rappel d’un constat amer. Dans certaines familles, les parents ont été orientés dans des filières qui ne leur correspondaient pas car on ne savait pas prendre en compte les contextes compliqués dans lesquels ils évoluaient. Des années plus tard, ce sont maintenant leurs enfants qui se retrouvent dans les mêmes situations.
En 2017, ATD Quart Monde a entrepris un travail de réflexion selon la méthode du Croisement des savoirs et des pratiques entre des chercheurs, des professionnels et des personnes en situation de pauvreté. Le résultat de cette année de travail a ensuite été transmis à une dizaine de chercheurs qui ont expliqué en quoi cela faisait écho à leur travaux lors des ateliers « Grande pauvreté et orientation scolaire » (avril 2018). A l’issue de ces deux jours d’échanges, tous ont dit combien il y avait là une injustice qu’il nous fallait travailler et « réparer ». ATD Quart Monde avec ses partenaires (syndicats, mouvement pédagogiques, fédérations de parents d’élèves) a publié une tribune intitulée « Pauvreté et ségrégation scolaire, ça suffit ! » dans le Café Pédagogique en novembre 2018 appelant les écoles primaires et collèges le souhaitant à nous rejoindre pour expérimenter le fait que plus aucun élève ne soit orienté pour cause de pauvreté.
Pourquoi se lancer dans cette expérimentation ?
Ce samedi 11 mai 2019 à Montreuil, par groupe de pairs (enseignants, syndicats, chercheurs, inspecteurs, alliés), chacun a été invité à expliciter pourquoi il était intéressé par cette expérimentation. Côté enseignants, c’est d’abord la réalité du terrain qui pousse à réfléchir à se lancer. Dans le Morbihan, des enseignants se sont déjà regroupés pour travailler la question de l’orientation scolaire. Des formations communes entre les écoles et les collèges ont été mises en place et donnent déjà des résultats intéressants. Pour eux, participer à cette expérimentation signifie faire un pas de plus, avec notamment le souci de rejoindre les familles les plus exclues. « Dans les zones rurales, les enfants viennent à l’école en bus et on ne voit pas souvent les parents ». D’autres participants n’en sont pas à ce stade de réflexion, comme ces deux enseignantes en établissement REP (Réseau d’éducation prioritaire) à St Étienne. Elles viennent chercher des arguments pour convaincre à leur retour leurs collègues de se lancer dans l’expérimentation, car il s’agit d’un projet d’équipe qui se base sur une réelle volonté des personnels engagés.
S’engager dans le projet
Durant l’après-midi, les participants ont réfléchi à l’engagement qu’ils souhaitaient avoir dans ce projet. Pour une majorité, il s’agit maintenant de diffuser l’information sur l’expérimentation, par exemple en allant en parler aux associations de parents d’élèves, ou en soumettant le projet à formateurs REP+. Pour d’autres, comme à Sedan, les collègues attendent un retour de cette journée et on réfléchit déjà à mobiliser les parents qui ne viennent pas.
L’année scolaire 2019-2020 sera l’année zéro de l’expérimentation. Une équipe de recherche viendra dans chaque établissement faire une évaluation de départ. Des temps d’analyse de pratiques seront proposés. Les établissements candidats seront ensuite invités à rédiger leur projet. Et en juin 2020, les projets seront confrontés au cahier des charges établi par ATD Quart Monde et ses partenaires. L’expérimentation concrète démarrera à la rentrée 2020. A ce jour, six établissements se sont engagés dans le projet et une trentaine d’autres ont pris contact.publié le 13 mars 2019 sur le site d’ATD Quart Monde : https://www.atd-quartmonde.fr/eviter-lorientation-scolaire-pour-cause-de-pauvrete/