Lettre CIPES n° 11

Où en sommes-nous ?

La fin de l’état des lieux

Il nous avait semblé, en septembre et en octobre qu’il redevenait possible de prévoir des réunions en présentiel, de retourner dans les classes. Par conséquent, nous avons programmé la fin de l’état des lieux pour les mois de novembre et décembre. En effet, ces observations, ces entretiens, avaient été brutalement interrompus par le confinement de mars 2020.  On devait ainsi être en mesure de compléter le rapport finalisé en juillet 2020 et de faire le point sur ce qui parait commun aux classes observées, et sur ce qui est spécifique à d’autres. Finalement, nous avons réussi à mener la moitié des observations avant que la montée des chiffres des cas covid nous oblige à reporter à janvier/février les quelques dernières classes à aller voir.

Des assemblées générales des parents d’élèves

Le recul (que l’on sait désormais temporaire) de la pandémie a permis aussi à des écoles engagées dans l’expérimentation de prévoir des assemblées générales de parents pour leur présenter le projet CIPES et répondre à leurs questions. Ces présentations, que les conditions sanitaires risquent de repousser sont des moments essentiels mais extrêmement délicats pour les équipes. En effet, il est difficile de prévoir les interrogations que ne manqueront pas de soulever les parents. Elles permettront de faire comprendre que les réflexions, les changements éventuels auxquels cette expérimentation mènera l’ensemble de l’équipe éducative, seront bénéfiques pour tous les élèves.

Ces assemblées générales ne sont qu’un des temps prévus pour le travail avec l’ensemble des familles.

Les réunions et les avancées dans les réflexions

Nous continuons à organiser à distance des réunions collectives pour les équipes enseignantes, pour les accompagnateurs et accompagnatrices. Le compte-rendu en est envoyé à l’ensemble des personnes concernées. Le jour et l’heure qui conviennent à la majorité feront l’objet d’un prochain sondage.

Nous prévoyons d’autres réunions dans lesquelles les militants et les militantes Quart Monde[1] qui ont participé aux observations partageraient leurs regards, leurs questions et leurs réflexions.

Une rencontre en présentiel est en cours d’élaboration. Organisée au printemps, elle pourrait réunir les chercheur·es, les formateurs et formatrices AGSAS, des militants et militantes Quart-Monde, une représentation des équipes enseignantes…

Depuis cette rentrée scolaire, des questions nouvelles, passionnantes, fondamentales pour la Recherche, ont pu être formulées. Nous rendrons compte de cette accélération dans la Lettre suivante.


[1]                     Militant et militante Quart Monde : terme utilisé pour parler des personnes engagées dans le Mouvement ATD Quart Monde et qui ont l’expérience de la grande pauvreté.


Le mot de Régis Félix :

Dès les débuts du travail qui a conduit à la recherche-action CIPES, je savais que je n’irais pas au terme de ce projet. Je m’étais fixé un âge limite au-delà duquel je pensais que ma place n’était plus dans un vis à vis avec des équipes d’enseignants qui se confrontent au quotidien avec les réalités de l’école. J’ai donc quitté l’équipe CIPES, mais je n’ai pas pour autant arrêté ma participation au combat pour une école de la réussite de tous, avec le Mouvement ATD Quart Monde. L’importance de s’attaquer à l’orientation, trop souvent injustifiée, d’enfants de familles en situation de grande pauvreté vers l’enseignement adapté ou spécialisé est énorme. C’est lutter contre un gâchis humain inacceptable, c’est restaurer tous ceux qui en sont victimes dans leurs droits d’accéder à un métier et de participer pleinement à la vie de la société. Les parents de ces enfants ont, là aussi trop souvent, connu cette exclusion. Ils savent très bien dire comment cela se répercute tout au long de leur vie d’adultes. Nous ne pouvons pas nous passer de leur expertise sur l’école car nous ne pouvons pas comprendre pleinement ce que nous n’avons pas vécu. Voilà bien pourquoi CIPES, dès ses débuts, a basé sa réussite sur la pleine participation des parents des enfants les plus en difficulté à l’école. C’est un gage de la réussite de cette expérimentation, réussite dont je ne doute pas. Bonne route à toutes les équipes engagées dans CIPES !