Édito
Depuis le 1er mars, l’équipe de coordination s’est élargie avec le recrutement d’un chef de projet. C’était indispensable pour le fonctionnement de l’expérimentation, tant en termes d’organisation, de gestion, d’aide à l’analyse , … C’est donc avec plaisir que nous accueillons Valentin Zemmer et ses compétences de jeune diplômé en master de Géographie Sciences des Territoires ! Et comme certain·es d’entre vous liront peut-être cette Lettre pour la première fois, voici pour rappel les autres membres de l’équipe de coordination : Blanca Comas, Marie-Aleth Grard, Sylvie Léone, Michelle Olivier et Dominique Reuter.
Rencontres CIPES d’avril
Si les réunions en distanciel ont permis de prendre des nouvelles de l’avancée des projets dans les différentes écoles, il nous tardait de pouvoir organiser enfin une rencontre en présentiel avec l’ensemble des personnes engagées dans l’expérimentation. Ce sera donc les 1er et 2 avril !
Le vendredi 1er, seul·es les militant·es Quart Monde sont convié·es. Ensemble, avec celles et ceux qui ont effectué les observations dans les écoles, nous établirons un premier bilan de ces expériences multiples. Ce regard des militant·es servira de base au travail du samedi 2. Cette journée réunira pour la première fois en présentiel : les militant·es, des représentant·es des équipes enseignantes, les chercheur·es, les formateurs et formatrices de l’AGSAS, deux cinéastes, les membres du COPIL et de l’équipe de coordination. Deux journées qui permettront, nous en sommes persuadé·es, de donner un nouvel élan au projet !
Compte rendu de la réunion des chercheur·es
13 novembre 2021
Après un rapide retour sur la réunion des équipes enseignantes (voir plus haut), les axes de travail retenus par les écoles ont fait l’objet d’une réflexion. Si des convergences ont pu être constatées, telle que la thématique du lien avec les familles, par contre un seul projet fait état d’une évaluation de ses innovations.
Les écoles apprécient l’aide des accompagnateurs·trices, dès le démarrage du projet, en particulier la suggestion d’outils et l’apport de formation.
Quelques thèmes abordés à l’initiative des chercheur·es :
- Le foisonnement d’idées, d’axes de travail dans les projets des écoles
→ Dans l’accompagnement, comment et à quel moment on essaie de canaliser ce qui n’est pas réalisable par exemple ?
- La durée, les modalités de l’accompagnement :
– Les modalités (durée, fréquence) sont en cours d’élaboration, les équipes tatonnent.
– Utiliser le temps de concertation institutionnel (9 jours par an seulement en REP+) donc ailleurs, prendre sur les 108 heures ?
– Visio ou en présentiel ? Chacun.e invente…
– Un accompagnement qui se résume davantage à l’accompagnement des débuts de carrière et des pratiques plutôt que vers un projet.
→ Quelle cadence pour que cela ne constitue pas une surcharge de travail ?
- Demandes de formation (exemple : résolution de conflits avec les parents)
→ Quelles ressources possibles ? ( ATD ? L’institution ? Autres ?)
→ Possibilité de co-intervention dans les classes ?
- Sur les critères d’évaluation
→ voir dans l’ouvrage d’Yves Reuter (Comprendre les pratiques et pédagogies différentes) le chapitre « Critères possibles pour analyser l’action ».
- Des problématiques spécifiques :
– Un des chercheurs évoque une classe de PS où 22/25 des enfants ne parlent pas.
– Un autre évoque un « Quoi de neuf » à partir d’un objet qui a favorisé la communication, même sans le langage oral.
– Non maîtrise du langage : tentation de renvoyer vers la médicalisation
- Une discussion s’engage ensuite à partir d’un échange relevé lors de la réunion des équipes enseignantes. En résumé : « L’orientation en SEGPA est-elle prédictible dès le début de la scolarité ? »
Sont abordés les éléments de réflexion suivants :
- Le sentiment de fatalité C’est une prophétie auto réalisatrice ; L’idée d’une impuissance à agir
- Question qui porte sur l’inclusion/l’exclusion Le handicap social n’est pas pris en compte.
- Orientation en SEGPA Lien entre grande difficulté scolaire et pauvreté ; Comment éviter une orientation par défaut ? Les statistiques : parmi les élèves de SEGPA, 75 % sont issus d’une famille en situation de grande pauvreté.
- Quelle pédagogie ? Comment accompagner les enseignant·es pour éviter le constat «J’ai tout essayé, rien ne marche » ?
- Les élèves et les apprentissages L’entrée par l’analyse des difficultés de l’élève entraîne des dérives de sur-personnalisation.
Compte rendu de la réunion des représentants des écoles
Le 19 octobre 2021 s’est tenue – encore une fois en visio – une réunion avec les représentants des écoles engagées dans l’expérimentation CIPES. Elle avait pour objectif d’accueillir les nouveaux enseignants, de présenter succinctement les différents axes de travail choisis par les établissements et enfin d’échanger sur les questions, les réflexions, les moyens mis en œuvre pour construire ces projets. 13 équipes ont pu participer à cette réunion.
Après une rapide présentation de l’historique de l’expérimentation et un point d’étape, nous avons présenté un descriptif des axes choisis.
Apparait tout d’abord un axe, très partagé, de réflexions sur la grande pauvreté et/ou précarité :
Un grand nombre des équipes rassemblées dit souhaiter mieux comprendre ce qu’est la grande pauvreté et cherche à la définir sur le territoire de l’école.
Ensuite viennent des axes de renforcement des liens :
- Essayer de créer des passerelles :
En renforçant ou en développant le lien école-Collège ou celui entre maternelle et élémentaire :
- Travailler le lien école parents :
Soit en préparant des assemblées générales pour présenter le projet aux parents pour que les familles s’investissent, soit en consolidant des dispositifs d’accueil, de travail avec les familles, comme Le Café des parents, L’APC des parents (méthodologie et marché des connaissances), en développant les entretiens individualisés, les prêts de livres dans l’école, l’ouverture aux familles d’ateliers de jeu avec les enfants, inviter les familles à partager les chants du monde, ou encore à participer au cross de l’école.
- Investir et consolider le lien avec les partenaires :
Surtout en essayant de resserrer les liens avec le centre social et/ou culturel de la ville.
Puis des axes qui concernent les pratiques pédagogiques :
Sont évoquées des mises en place de dispositifs nouveaux, comme le Quoi de neuf ? le Marché des connaissances, l’aide aux devoirs, ou encore des moments où l’école se fait « dehors », par observation de l’environnement proche. Quelques écoles ont déjà instauré un travail par cycle (et non plus par niveau) pour que le temps des apprentissages soit moins contraint par un calendrier annuel.
Pour travailler aussi sur le climat scolaire, une équipe d’enseignants a réorganisé la cour de récréation et offert des rôles de « médiateurs de cour ». Enfin, des pratiques coopératives sont favorisées au travers des ateliers de coopération, de temps de coopération entre ATSEM et enseignants.
Enfin, quelques axes sont plus spécifiques à un établissement et un seul :
Nous citerons ici la question sur la culture : Y a-t-il une ou des cultures chez les familles de la grande pauvreté ? Le souhait d’une école de revenir sur les projets antérieurs et d’analyser leurs effets, et la question du plurilinguisme qu’une autre école a le projet d’approfondir.
Un temps important d’échanges et de discussions a suivi.
Les équipes ont pu ainsi s’échanger des outils, tels le recours à des traductions orales dans la langue d’origine des familles des informations délivrées par l’école, traductions accessibles via un QR code.
L’essentiel de ces échanges a porté sur les orientations des élèves autour des questions suivantes : Est-il vrai que le destin scolaire de certains élèves semble être tracé dès le CP ? Quelles aides peut-on apporter ? Quel est le statut des évaluations nationales ? Les orientations en SEGPA sont-elles toujours un échec ? / Peut-on parler d’orientation réussie ? Quel est l’effet du regard (positif ou normatif) porté sur des élèves ?… Comment savoir si une orientation MDPH est trop précoce ?
La réunion s’est terminée sur des demandes des équipes : sur des temps de formation, à l’enseignement explicite, la coopération et à la connaissance de la grande pauvreté ; et sur des inquiétudes concernant l’octroi de temps de concertation, ainsi que sur le risque d’essoufflement qui découlerait d’une absence d’outils de travail concrets.